Je suis une toute petite fleur
Je vis sur le bord d’un ruisseau
J’adore la rosée matinale
J’adore les caresses du Monarque
Je suis le théâtre d’une véritable guerre
Un gros taon veut l’exclusivité de mon nectar
L’abeille rebelle lui barre la route
S’engage alors une lutte sans merci
Je ne suis qu’une toute petite fleur vierge
On se bat âprement pour me déflorer
Le taon veut déposer du pollen sur mon pistil
L’abeille caresse un projet identique
Ma préférence va pour l’abeille
Je déteste ce gros taon bruyant
Je préfère la délicatesse de ma préférée
Je hais la lourdeur de ce désespéré
Déflorée par ce gros taon
Consolée par la gentille abeille
Bercée par le papillon Monarque
Ensorcelée par le clapotis du ruisseau
Même une petite fleur ne peut vivre en paix
Même une petite fleur ne peut choisir son amant
Que la beauté est fragile
Une toute petite fleur déflorée par un vulgaire taon