Dans le paradis des animaux

Y a des taureaux qui copulent

Des vaches qui se déhanchent

Au large des enclos

 

Dans le paradis des animaux

Y a des veaux qui dorment

Comme de jeunes tourtereaux

Le long des berges sacrées

 

Dans le paradis des animaux

Y a d’autres boeufs qui beuglent

Pleins d’idées lubriques

Aux premières lueurs

 

Mais dans le paradis des animaux

Y a des espoirs qui naissent

Dans la chaleur épaisse

Des langueurs paradisiaques

 

Dans le paradis des animaux

Y a des vaches qui broutent

Dans des prairies trop abondantes

Des trèfles pullulent

Elles vous en mettent plein la gueule

À croquer la fortune

À décoiffer la lune

À bouffer des haubans

Et ça sent le bon foin

Jusque dans le cœur des prairies

Que leurs grosses pattes invitent

À revenir en plus

Puis se lèvent en courant

Dans un bruit de tempête

Referment leurs margoulettes

Et sortent en rotant

 

Dans le paradis des animaux

Y a des boeufs qui mangent

En se frottant la panse

Sur la panse des vaches

Et ils tournent et ils dansent
Ils oublient cette terre et sa misère
Ils oublient l’Irak et l’Afghanistan
Ils oublient le Darfour et le Liban
Ils oublient ces humains monstrueux
Ils sont loin de toute cette misère

Et quand ils ont bien oublié cette terre

Se plantent le nez vers elle

Se mouchent dans les étoiles

Et ils pissent comme je pleure

Sur ces humains sans pareil

Dans le paradis des animaux

Dans le paradis des animaux

Zone de Texte: Le paradis des animaux
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