Mes camarades au long de ces années d'enseignement
Si je fus le compagnon de vos rêves pédagogiques, maintenant
Je suis dans ces lieux avec vous
Et mon verbe a pris la couleur des adieux
Longtemps je fus ce pédagogue meurtri par les normes
Qui frissonnait dans les parallèles de ses pensées
Qui rugissait à la perspective de vains espoirs
Et son cœur raillait la crue des impuissances
Or, je vois nos êtres vagabondant dans le siècle
Je vois nos limites et j'ai mal en chacun de nous
Aujourd'hui dans ces murs où les sourires fourmillent
J'entends les bruits sourds de vos réformes
J'entends surgir dans vos cœurs des envies
Des tourbillons de projets, des stratégies nouvelles
Toi, collègue, tu te tiens droit dans ces jours
Tu jettes tes regards vers des horizons non tracés
Tu sais que rien ne sera facile
Que le principal adversaire sera la réforme elle-même
Cet adversaire qui sournoisement te fera croire
Que les jeunes vont prendre d'assaut ta classe
Que les apprentissages seront leurs délices quotidiennes
Que les échecs seront terrassés
Que le bonheur c'est l'école
Si tu écoutes l'autre partie de toi-même
Tu entendras d'autres voix qui diront
Que la réforme n'est pas une loterie absolument gagnante
Que ta passion est ce qui enflamme
Que les murs de ta classe résonnent la douce mélodie
De tes notes
Que la différence pédagogique est le nectar
De la vibration novatrice
Que tu es la réforme qui reforme ce qui déforme
Maintenant une nouvelle étape est au rendez-vous
Quant à moi je m'extirpe de ces lieux
D'autres horizons
D'autres rencontres
D'autres défis
D'autres possibles
Feront le quotidien de ma légende personnelle