Tu es Sisyphe, le fils d’Éole et de Méropée Tu roules pour l’éternité un rocher en haut d’une montagne Tu vois ton rocher retomber aussitôt sur l’autre versant Tu dois alors le ramener à nouveau au sommet sans repos
Suis-je si différent de toi, mon cher Sisyphe Quand je regarde ma vie et celle de mes contemporains Que vois-je, qu’entends-je, qu’est-ce que j’observe La plupart du temps mon rocher c’est la routine
Je dors, je me lève, je me lave, je mange, je copule Je travaille, je me repose, je lis, je regarde la télévision Je visite, je salue, je soigne ma chatte, j’éternue Je somnole, je danse, je pense, je parle, je me tais
Nous avons tous un rocher à ramener au sommet Un jour ce rocher deviendra une pierre tombale Ah ces Grecs et leurs légendes si proches de la réalité Une chance qu’il me reste l’imaginaire, cher Sisyphe |
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