On me demande de devenir zen J’éclate d’un immense rire sonore Qui passe au-dessus des chutes de la Chaudière Pour se perdre dans les confins de l’Ungava
Devenir zen si je me ferme les yeux Devenir zen si je me bouche le nez Devenir zen si je me coupe les oreilles
On me suggère de vouloir devenir zen Comme si vouloir suffit à régler tout Combien de fois j’ai écrit dans mes poèmes Vouloir la sainte paix Vouloir la fin des guerres Vouloir la fin de la faim Vouloir le début de la sagesse
Chez les fous d’Allah Qui rêvent de coïter avec des vierges Rien à faire c’est pire qu’avant On me supplie d’espérer devenir zen Quel poison rare que l’espérance Il faut vraiment être désespéré pour espérer
Espérer l’amour et la fraternité Espérer mater les démons de la bête humaine Espérer tuer la cupidité l’avidité l’orgueil Je suis condamné à désespérer l’impossible
Pour devenir zen il faudrait m’extirper de ce monde immonde Me cacher quelque part sur une ile Me faire accroire qu’ainsi je serais utile Comme tous ces ermites qui prient en vain Un Dieu qui se fout de ces mortels assis Qu’il est dans sa béatitude
Je dois assumer ma mortelle condition humaine Ne demandez pas au Scorpion que je suis De flirter avec l’idée de devenir zen Si je le devenais je deviendrais Le premier pionnier de l’impossible |
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